Portrait du mois

Aujourd'hui, nous donnons la parole à Yoann, bénévole investi de l'Escabel

"Rodant rue Gatien-Arnoult en quête d'un refuge, d'un trésor, d'un sens à ses jours, d'une chaleur quelconque, depuis la rue j'entends chanter, au travers d'une vitre je vois dessiner, mes sens soudain s'éprouvent. Ma vue se précise, mon ouïe s'accorde, ma démarche dévie. Pris d'une irrépressible envie d'y goûter, je vaincs ma honte et passe la porte et, infoutu d'en réchapper, y retourne depuis février, à la confluence de trois rues et d'un hasard bien heureux.

Bien précieux aussi, d'autant que l'Escabel résout l'équation d'à quoi employer ses jours. Dans l'offre de base on y trouve rarement son compte. On raisonne à l'envers, à la recherche d'un moindre mal. À tel ou tel job on ne consent jamais vraiment, on concède. Et puis prenant conscience un jour de sa maigre vie, on craque. On claque une porte et l'on en passe une autre.

On redécouvre son corps, capable d'efforts par plaisir et de sourires sincères. On se redresse un peu d'une dignité retrouvée. On n'en tire aucune monnaie mais d'innombrables bénéfices. Ça peut surprendre. Ni grise mine ni gueule de bois ne suffisent à s'y soustraire ; même s'il faut se farcir chiottes et poubelles, on sifflote sur la route de l'Escabel."